Le baron Bachelu avait épousé, en 1838, la comtesse de Sussy, veuve du directeur des Monnaies royales et fille du comte Muraire, premier président de la Cour de cassation, sous l’Empire. À propos de cette union, je veux faire quelques révélations peu pastorales, mais qui montrent qu’il faut se garder de prendre pour femmes certaines veuves coquettes accoutumées, du vivant de leur mari, aux soins d’un coadjuteur. L’amant qui passe au titre d’époux laisse une vacance qu’on ne tarde pas à remplir et subit, à son tour, le même sort que son prédécesseur.
Pour l’intelligence de ce qui suit, nous sommes obligés de remonter un peu haut dans la vie privée du général. Colonel à vingt-sept ans, beau, aimable et brave, il trouva partout des plaisirs, des amis et des maîtresses, mais le plus envié de ses bonheurs était celui d’avoir attiré la sérieuse attention de la princesse Pauline, quand elle n’était encore que Mme Leclerc, et lorsque, idole nourrie des parfums de l’adoration, comme dit la duchesse d’Abrantès, elle était dans tout l’éclat de sa prestigieuse beauté. C’est à Saint-Domingue, pendant l’expédition, que se noua cette intrigue ; nous en ignorons les détails et les suites, mais ce que nous n’ignorons pas, c’est que notre compatriote Bachelu aurait pu devenir l’époux de la sœur de Napoléon.
Il est impossible de suivre les aventureuses amours du général au milieu du tourbillon des camps ; nous en reprendrons la trace en 1816 quand, jeune encore,