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partie des paysans de votre canton doit se lever au premier signal ? Vous me répondez sur votre tête du moindre événement. » À cette accusation ridicule, Poncet sourit de pitié, haussa les épaules, et pour toute réponse, dit au général autrichien : « Monsieur, vous êtes un poltron ! » Wimpfen, furieux, veut frapper Poncet, mais celui-ci pare le coup, saisit son adversaire d’une main vigoureuse et le lance au milieu de l’appartement. Arrêté aussitôt par la garde du général ennemi, Poncet est jeté dans un cachot ; une commission militaire s’assemble pour le juger et il est condamné à mort. À cette affreuse nouvelle, sa femme part pour Dijon, implore la justice du général en chef et obtient qu’il soit sursis à l’exécution. Mais des soldats garrottent Poncet comme un malfaiteur, on le place sur un chariot, puis on l’envoie, d’étape en étape, sous l’escorte de quelques cavaliers, jusqu’au fond de la Hongrie, dans la citadelle de Monkasth, où il resta détenu cinq mois.

Ce rigide soldat ne ressemblait guère à son collègue, le général Bachelu[1]. Gracieux, obligeant, d’une physionomie douce et prévenante, celui-ci accueillait toujours avec une extrême amabilité ses compatriotes qui allaient le voir à la Grange-Pérey.

  1. Bachelu (Gilbert-Désiré-Joseph, baron), né à Salins le 9 février 1777, mort à Paris le 16 juin 1849. — Sorti de l’école du génie de Metz, il fit d’abord les campagnes du Rhin et de Saint-Domingue, puis fut nommé colonel du 12e de ligne en 1805, général de brigade en 1809, général de division en 1813. À la révolution de juillet, il fut envoyé à la Chambre, d’abord par le département du Jura et quelques années plus tard par le département de Saône-et-Loire.