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La nouvelle que la comtesse César de Valdahon a composée sur ce sujet est d’une contexture passionnée, d’un intérêt puissant, et voici les jolis vers qui en forment le gracieux frontispice :

Passant, ne vois-tu pas sur la lointaine rive
Un simple monument aux lugubres couleurs,
Et près du marbre noir une ombre fugitive ?
C’est le dieu des beaux-arts, c’est le génie en pleurs ;
Nul mortel ne verra sa douleur adoucie,
Il a perdu son fils, cet enfant d’Helvétie
Qu’en un jour de faveur il nous avait prêté.
On le nommait… demande à la postérité.

Je me souviens d’un déjeuner fait en juillet 1832 au château de Saint-Seine, qui appartenait alors à notre ami Flavien de Magnoncour. Nous étions quatre, le colonel de Brack, M. Dusillet, maire de Dole, le comte de Boisdenemetz et moi. Nous trouvâmes à Saint-Seine Mme  de Beuret, sœur de Mme  de Magnoncour, et Edme de Reculot, neveu du propriétaire du château, qui était un fort joli garçon de vingt ans et qui s’est lancé depuis dans la carrière diplomatique. Edme nous parut tout d’abord fort épris de la gracieuse sœur de sa belle-tante. Après déjeuner, comme la chaleur était extrême, on proposa de rentrer au salon et d’y faire un peu de musique ; Mme  de Beuret, qui avait un véritable talent de cantatrice, se mit au piano et nous nous installâmes dans de moelleux fauteuils. Accablé par la chaleur et par une digestion pénible, car le déjeuner avait été long et ma-