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eu l’habitude de le faire, ses biographes doivent le dire encore, parce que ce serait ici un fleuron de plus à ajouter à ses vertus militaires. Espérons donc qu’un jour, il paraîtra sur le général Voirol un article biographique complet, dans lequel nous verrons clairement expliquée son attitude à Strasbourg, et dans lequel aussi se trouveront développées toutes les mesures utiles qu’il a prises pendant qu’il était gouverneur de l’Algérie, mesures qui font le plus grand honneur à ses connaissances approfondies du pays, à sa sagacité, à son habitude de l’administration et à sa haute intelligence.


J’ai eu plusieurs fois l’honneur d’être reçu dans le salon, ou plutôt le jardin de la duchesse d’Abrantès, femme fort accueillante et fort spirituelle. Sa mémoire était une mine inépuisable d’anecdotes curieuses sur le monde de l’Empire et de la Restauration, mais les soucis et les tristesses, causes de sa frivolité, abrégèrent malheureusement ses jours. Elle prétendait descendre des Comnène, les empereurs de Constantinople. et tirait grande gloire de cette illustre parenté, beaucoup plus même que de ses ouvrages qui ont établi sa réputation et gardent son nom de l’oubli[1]. La mélancolie était bannie avec soin de cet intérieur ; pourtant les grelots de la folie arrivaient difficilement à couvrir la voix de la misère qui grondait autour d’elle

  1. Mon aïeul par alliance, le général baron Lahure, avait annoté un peu trop sévèrement les mémoires de la duchesse d’Abrantès de la façon suivante : « Commère, oui ; Comnène, non ! »