Page:Marquiset,À travers ma vie,1904.djvu/257

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

nées avant l’entrevue dont je viens de parler. Me trouvant à Paris, où j’allais d’ordinaire passer cinq ou six semaines par an, je dînais un soir chez mon vieil ami Flavien de Magnoncour[1], avec une partie des illustrations de notre province, les généraux Pajol, Delort, Morand, M. Clément, questeur de la Chambre, etc. En sortant de table, Flavien proposa d’aller faire une visite en corps à M. Guizot, dont c’était le jour de réception. « Pour mon compte, lui dis-je, j’accepte volontiers, mais si M. Guizot était ministre, je n’irais certainement pas. » En entrant dans la petite maison de l’illustre orateur, 4, rue de la Ville-l’Évêque, nous trouvâmes l’ancien ministre dans son premier salon, causant debout et tête à tête avec un de nos compatriotes et amis, Charles Paravey ; les notables de mon pays que j’accompagnais s’approchèrent d’abord du maître de la maison pour le saluer, et lorsque vint mon tour, M. Guizot me serra très affectueusement la main et me dit : « Quoi ! vous êtes toujours à Dole ? — Oui, répondis-je, et vous m’aviez promis que je n’y resterais pas plus de six mois. — Ah ! ce que vous dites là est très mal, reprit l’ancien président du conseil de sa voix la plus solennelle, c’est quand j’étais ministre qu’il fallait me rappeler cette promesse.

  1. Magnoncour (Césaire-Emmanuel-Flavien Henrionstaal, baron de), né à Dole le 24 décembre 1800, mort à Paris le 29 décembre 1875. Garde du corps sous la Restauration, il fut maire de Besançon en 1830, député du Doubs, puis pair de France en 1846. Par sa mère, il était le petit-fils du marquis de Froissard.