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M. Jayr a-t-il laissées de son passage aux affaires, soit à Lyon, soit à Paris ?

Quoi ! on ne peut pas devenir, en France, ingénieur, piqueur des ponts et chaussées, garde général des eaux et forêts, employé des contributions directes ou indirectes, sans passer par une école spéciale ou un surnumérariat quelconque, et un préfet, qui est appelé à donner la direction, à imprimer le mouvement à toutes les branches si compliquées du service administratif et à les contrôler, peut être pris au hasard, sans avoir fait d’études spéciales, dans les rangs les plus infimes de la société ! À l’exception de quelques rares talents d’élite qui surgissent quand même, comment veut-on que des administrateurs, ainsi créés, puissent accomplir convenablement pour l’État les fonctions importantes, difficiles, délicates qui leur sont confiées ?

Je vécus en fort bons termes avec M.Thiessé qui, le 10 septembre 1831, envoya à Casimir Périer des notes trop flatteuses à mon endroit ; elles furent appuyées quelque temps après par une lettre charmante de l’excellent général Delort et le résultat fut… que le ministre m’oublia complètement.

(Mars 1833.) J’ai dîné hier soir chez M. le comte d’Argout, ministre de l’Intérieur.

M. d’Argout, que je ne connaissais pas même de vue, m’a donné l’idée la plus complète d’un pantin vivant. D’une très haute stature, ses jambes et ses bras sont d’une longueur sans bornes et s’agitent incessamment