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en termes exagérés. Ses longues histoires, ses anecdotes dans lesquelles il figure, bien entendu, en héros, sont tellement en dehors de la vérité que l’on ne croit guère à ce qu’il dit.

À entendre M. Pons, l’empereur le consultait chaque fois qu’il avait un discours à faire ; le gouvernement actuel ne peut se passer de lui dans son conseil privé et le ministère de la marine ne marchera que le jour où on lui en aura confié la direction. Si l’empereur Napoléon débarquait de nouveau, il retrouverait M. Pons tel qu’il l’a laissé il y a seize ans. Ce magistrat n’a pas fait depuis lors un seul pas en avant. C’est une pâle décoration de l’empire que le temps a respectée.

M. Pons est libéral, très libéral même en fait de despotisme ; il est républicain parce qu’il est persuadé que la république le nommerait consul. Un des défauts les plus saillants de cet ancien préfet du Rhône est la susceptibilité ; il le pousse si loin que pour savoir ce qu’on pense de lui, il ouvre souvent, mais toujours par hasard, des lettres qui ne lui sont pas adressées. J’ai ressenti deux fois moi-même les effets de sa coupable curiosité. Toutefois, il est confiant et son amour-propre ne s’offense pas de la vérité, pourvu qu’on la lui présente sous un manteau chamarré d’éloges.

Son caractère est un mélange confus de tant de choses opposées qu’il faudrait un immense talent pour le définir. M. Pons peut être comparé à une mosaïque de