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une compagnie de la garde nationale et allez placer le drapeau tricolore sur la façade de l’hôtel de ville, je ne m’y oppose pas. — Non, monsieur le maire, répondis-je, les choses ne peuvent se faire ainsi ; donnez-moi un ordre par écrit et j’irai. » En ce moment même, la porte du salon s’ouvrit bruyamment et le capitaine d’état-major Charlon annonça que le drapeau tricolore était promené dans toute la ville et que la foule qui l’accompagnait venait du côté de l’hôtel du général. L’officier de garde se présenta presque au même instant pour demander ce qu’il y avait à faire. Le général Lanusse lui donna tout simplement l’ordre de mettre ses soldats en bataille et de laisser passer le drapeau. À peine cet ordre était-il donné que l’on entendit au dehors des cris tumultueux de Vive la charte ! Un des officiers généraux présents ouvrit aussitôt la porte donnant sur les jardins et, de là, nous aperçûmes dans la rue Neuve un groupe nombreux dont le chef portait un immense drapeau bleu, blanc, rouge. « Il n’y a pas de temps à perdre, s’écrièrent plusieurs des officiers supérieurs, car les chefs de poste des différents corps de garde sont dans leurs petits souliers. » Telle fut l’expression. — « Si M. le maire veut m’y autoriser, repris-je aussitôt, je vais dire de sa part à un valet de ville d’arborer le drapeau tricolore. » Le maire y consentit en présence de toute l’assemblée et cette autorisation ou cette adhésion, comme on voudra l’appeler, me fut répétée par un des généraux. La décision prise, le général Dellard prescrivit, ensuite de l’ordre qu’il