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Le baron Lanusse, après nous avoir fait asseoir, s’adressa directement à moi et me dit : « Monsieur Marquiset, vous qui passez pour être d’une grande franchise, dites-nous s’il est vrai que la garde nationale ait le projet de faire arborer ce soir la cocarde tricolore ? — Non, mon général, répondis-je, il n’en a point été question jusqu’à présent, et la réunion qui doit avoir lieu dans une heure à Chamars n’a d’autre but que d’organiser les moyens de maintenir la tranquillité publique et d’arrêter les désordres que quelques malveillants seraient tentés de commettre. — Mais, ajouta le général, s’il paraissait un groupe portant le drapeau tricolore, pensez-vous que la garde nationale le repousserait par la force ? — Non, répliquai-je, elle ne le ferait pas. — Alors, reprit le général, quel parti, dans votre opinion, y aurait-il à prendre si ce cas se présentait ? — Il faudrait arborer bien vite le drapeau tricolore sur la façade de l’hôtel de ville afin d’éviter toute espèce de collision et de trouble. En allant ainsi au-devant des justes exigences du moment, les troupes de ligne et la garde nationale seront tout à fait en mesure d’exercer une police sévère pendant la soirée et pendant la nuit. »

Le colonel de Lacombe fut le premier de mon avis, puis ensuite le colonel Mylius, et enfin toutes les autorités civiles et militaires. Il s’établit alors un vif colloque entre le baron Lanusse et le marquis de Santans pour savoir qui donnerait l’ordre d’arborer le drapeau tricolore. Cet incident vidé, le maire me dit : « Prenez