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et l’écolier. Est-il rien de plus plaisant, en effet, que le frère d’un roi qui, sur deux voitures qu’on lui offre pour son départ, choisit de préférence le vis-à-vis, et pourquoi ? Parce qu’il est trop lourd pour monter dans un cabriolet. Voyez ensuite comme quoi ce prince craint de ne pouvoir cacher l’émotion qui l’agite au moment de son départ, et comme quoi, pour faire disparaître le trouble répandu sur sa physionomie, il se teint les sourcils avec un bouchon de liège qu’il a eu la précaution de mettre dans sa poche pendant le dîner !

Entre Soissons et Laon, le comte de Provence propose de déjeuner ; il avait un pâté et du vin de Bordeaux. Cet article, sur lequel il s’étale avec complaisance, peut être intéressant pour un homme qui ne vit que pour manger, mais il n’est à coup sûr que déplacé dans la narration d’un frère de roi, et les lecteurs n’ont goûté ni ce pâté ni ce vin de Bordeaux.

D’Avaray éprouve une rude alarme en voulant entrer dans le petit appartement où l’attend Monsieur, parce que la clef a refusé de tourner dans la serrure ; mille idées plus sinistres les unes que les autres lui tourbillonnent à l’instant dans la tête, mais il essaie de tourner la clef à droite au lieu de la tourner à gauche, et la porte s’ouvre. Quelle présence d’esprit ! Quelle capacité intelligente ! Qui pourrait se tirer d’un aussi grave embarras avec tant de courage et d’adresse ?

À Mons, le souper de l’auberge ne valait rien, mais Mme de Balbi, qu’on ne croyait pas encore arrivée, ap-