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Alfred, avec son amour de la musique et son amitié pour l’auteur, eût fait son possible pour propager ces morceaux d’une belle venue[1].

Ma mère, dont la tendre nature compatissait à toutes les douleurs humaines, avait une franche sympathie pour le pauvre Rouget, qui le lui rendait bien en reconnaissance[2]. Combien s’est-elle ingéniée pour soulager discrètement la détresse du poète ! Ces vers qui lui sont adressés et que je retrouve en sont la preuve.


Par un mystère inconcevable,
Chez moi j’ai trouvé deux billets,
Je revis donc au temps aimable
Des esprits et des feux follets ?
Bonne fée à nulle autre égale,
Bonne fée aux instincts si bons,
Vous sauvez la pauvre cigale
Pour l’amour de vos papillons.
Aussi, de ma voix qui décline
Quand les échos faibles et doux
Mourront à travers la colline,
Le dernier jaillira pour vous.

Rouget de Lisle.
  1. « … Virtuose comme il l’est, Alfred a-t-il daigné jeter les yeux sur le recueil ? Qu’en dit-il ? » (Lettre de Rouget de Lisle à Charles Weiss, 3 décembre 1824.)

    « … Vous me feriez un véritable chagrin de prendre l’argent (prix du recueil) d’Alfred, de M. Viancin, etc… » (Lettre du même au même, 27 janvier 1825.)

  2. « … Si Mme Marquiset n’y répugne pas trop, en aveur d’un presque mort de faim, demandez-lui la permission de l’embrasser de ma part. » (Lettre du même au même, 31 janvier 1823.) Extraits de la correspondance entre Rouget de Lisle et Charles Weiss. Bibliothèque de Besançon.