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signifiée le 8 janvier 1823, je reçus du général Brun de Villeret le mot suivant :

« Votre départ va laisser un grand vide dans notre pays. Guelfes et Gibelins, tout le monde annonce des regrets, et c’est du moins quelque chose que ceux qui ont travaillé à vous faire perdre votre place n’osent pas se réjouir ouvertement de vous l’avoir enlevée.

« Des temps meilleurs, mon cher ami, vous dédommageront plus tard, j’en conserve l’espoir, de l’injustice qui vient de vous frapper ; mais j’ai peur que vous n’ayez pas un grand goût pour revenir dans notre triste pays. Mais qu’importe le lieu où vous soyez, nos vœux pour votre bonheur et nos affections vous accompagneront. Vous avez laissé dans nos cœurs une impression profonde et, d’après votre caractère, vous êtes assuré de produire le même effet partout où vous vous trouverez. »

Disons, en passant, que les temps meilleurs annoncés par cette lettre prophétique arrivèrent pour le général Brun de Villeret ; c’était justice. Après la révolution de juillet, et lorsque le maréchal Soult fut appelé au ministère de la guerre, et prit dans le gouvernement une autorité quasi suprême, le général Brun fut nommé général de division, commandant à Clermont, et peu de jours ensuite pair de France. Ayant été proposé avec une vivacité bienveillante, pour de l’avancement, par un de mes préfets, j’écrivis à cet homme du jour, qu’on venait d’écraser de cordons, de grades, de