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plimenter Sa Majesté à l’occasion de la naissance du duc de Bordeaux, puis ensuite, il jeta rapidement les noms des divers fonctionnaires de tous les ordres admis à cette audience. Ceux-ci, poussés par un autre huissier au fur et à mesure qu’ils étaient appelés, défilaient méthodiquement les uns après les autres, comme des capucins en procession, et se bornaient à faire en passant un salut au Roi, qui répondait par un signe de tête bien grêle, bien sec, ne leur adressant la parole qu’à de fort rares intervalles. Lorsque mon tour fut venu et que M. le duc de Richelieu, qui se tenait debout à côté du fauteuil de Sa Majesté, m’eut pris par la main pour me conduire près d’elle, Louis XVIII sourit en me voyant paraître et dit avec une bienveillance marquée : « Voilà, mon cher due, un de vos protégés ; il est bien jeune ; tant mieux, cela prouve encore plus pour lui. » À l’instar de mes devanciers, je tirai une révérence à me rompre l’épine dorsale et je m’éloignai de quelques pas pour laisser le Roi causer librement avec son ministre.

En sortant des appartements du souverain à travers une foule peut-être envieuse de mon bonheur et qui me prenait sans doute pour le fils d’un grand personnage, nous entrâmes chez les princes, où je trouvai le cérémonial beaucoup moins sévère. Il faut en excepter pourtant Mme la duchesse d’Angoulême, dont l’étiquette est absolument semblable à celle de son oncle. Monsieur était debout dans son salon et causait d’une manière simple, aimable, presque familière, avec chacune