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rent du Pont Royal, entrèrent dans la cour, et la musique joua l’air presque national de la duchesse d’Angoulême : le Premier Pas. Nous regardions là, plantés au soleil, lorsque Huvelin se mit à fredonner quelques paroles sur le refrain joué par la musique ; peu à peu il prononça plus clairement et c’est avec stupeur que j’entendis :


Vive le roi ! Pour maintenir en France
L’honneur, la paix, l’abondance et la loi,
Aux ennemis il livre par prudence
Argent, vaisseaux et places de défense.
Vive le Roi !
Vive le Roi !

Vive le Roi ! D’une ligue étrangère
Contre son peuple, il implore la foi,
Des alliés…


Il continuait plein d’abandon et je commençais moi-même à chantonner lorsqu’un éclair jaillit, je saisis le bras de Xavier et lui dis : « Tais-toi donc ! » Il sursauta, me regarda, fit un demi-tour brusque et fila rapidement pendant que je le suivais à grands pas, tout ému du danger couru. Un garde du corps très attaché aux Bourbons et un secrétaire de préfet chantant ensemble un refrain bonapartiste de 1815 à la parade des Tuileries ! Si la moindre oreille nous avait entendus, nous étions perdus. Coquin de vin d’Arbois !


(1819) Le parti ultra-royaliste était tellement exas-