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voulait briller et qu’il se trouvait dans ses jours d’entrain, nul n’y réussissait mieux que lui. Il peignait avec beaucoup de facilité, beaucoup de grâce et écrivait de la même manière ; quelques articles qu’il a publiés dans la Revue de Paris sont fort attrayants, et les ouvrages qu’il a laissés sur son métier ont été lus avec fruit et appréciés par des gens compétents. Brack était encore un excellent musicien qui chantait avec un goût exquis la musique italienne, et qui disait avec une verve et une gaieté communicative les couplets les plus bouffons. Chose curieuse, mon beau-frère Clère[1], lieutenant-colonel du 4e hussards sous les ordres de Brack, avait la même tournure élégante et distinguée, et la plupart des goûts artistiques de son chef. Très musicien comme lui, il possédait une fort jolie voix et j’ai entendu à diverses reprises, en 1837 et en 1838, ces deux brillants officiers supérieurs chanter ensemble à ravir des scènes populaires comme la Métempsycose, ou des romances comme l’Ange des premiers amours. Souvent aussi, pour distraire le soir quelques enfants maussades, Brack découpait des cartes à jouer, qui devenaient entre ses doigts habiles de véritables petits chefs-d’œuvre. Tantôt c’était une cathédrale gothique, tantôt un effrayant site de la Suisse ou des Alpes, tantôt une scène d’intérieur de taverne ; ces cartes ainsi ouvragées ne restaient ja-

  1. Clère (Pierre-Gaspard), 1791-1866. Sous-lieutenant au 26e chasseurs en 1813, colonel du 5e hussards en 1840. Commandeur de la Légion d’honnenr, chevalier de Saint-Louis.