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élèves, et sa mercuriale, dans la circonstance dont je viens de parler, était certainement fort juste, fort méritée, et était plus que suffisante pour nous empêcher de recommencer pareille escapade… en public du moins !

D’un tempérament vil et sanguin, M. des Touches était bon comme le sont en général ceux qui ont le cœur chaud et bien placé. Il n’a jamais repris l’un de nous, avec quelque vivacité, qu’il n’ait paru, un instant après, en avoir du repentir. Aussi ne revenait-il pas deux fois sur la même remontrance ! Et lorsqu’il nous voyait entrer au salon, l’oreille basse, la figure allongée, à la suite de quelque étourderie de lui connue et pour laquelle il nous avait, le matin ou la veille, donné un savon, il tâchait, par des mots aimables et gais, de nous remettre dans notre assiette ordinaire, et il y réussissait toujours.

Ah ! c’est qu’il connaissait le cœur impressionnable des jeunes gens, c’est qu’il savait le langage qu’il faut leur tenir pour en être écouté ; c’est qu’il était, en un mot, fort indulgent pour les peccadilles de la jeunesse et très sévère pour certaines fautes qui, en se renouvelant, auraient pu nous faire dévier de la bonne voie.

Si nous avons été bien accueillis dans le monde, si nous y avons trouvé des jouissances et parfois quelques éclairs de bonheur, c’est à nos manières, à notre discrétion, à notre politesse, que nous l’avons dû ; et toutes ces bonnes façons étaient l’ouvrage de M. des Touches, qui ne laissait jamais échapper l’occasion de