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qui l’avaient forcé à s’expatrier furent aplanis, le colonel de Sainte-Aldegonde revint en France, où il obtint, peu après son retour, le grade de général de brigade. De son mariage avec la veuve du maréchal Augereau sont nées deux filles, connues par leur rare beauté et leurs vertus. Leurs portraits, peints par Dubuffe, attirèrent l’admiration générale, au Salon de 1834 ou 1835. L’une de ces charmantes personnes mourut à dix-neuf ans, et sa mort impressionna douloureusement tout Paris.

Les circonstances ne me rapprocheront certainement jamais de Mme la comtesse Camille de Sainte-Aldegonde, mais, s’il en était autrement, j’aurais peine, sans doute, à retrouver, sous les rides de l’âge, quelques-uns de ces traits parfaitement beaux qui la rendaient si séduisante autrefois[1].

M. des Touches quittait régulièrement son cabinet à cinq heures, entrait dans sa chambre pour s’habiller, et venait ensuite se mettre à table. Il n’aimait pas les grands dîners, les dîners d’apparat, mais rien ne lui plaisait davantage que l’arrivée inattendue de deux ou trois convives agréables. Aussi avait-il su se ménager des habitués d’élite, dont la seule annonce dans le salon nous faisait jeter à tous des cris de plaisir et de joie. Parmi ces habitués, se trouvait un vieillard d’une soixantaine d’années, plein de verdeur, de jeunesse même, et dont les prouesses galantes auraient rendu

  1. Mme  de Saint-Aldegonde est morte le 2 décembre 1869.