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fils, chef d’escadrons de hussards, et d’une fille, que sa mère, femme de mérite et de distinction, élevait avec le plus grand soin. Le chef de cette famille, vieillard respectable, était lieutenant-colonel de cavalerie en retraite. Il s’appelait Bourlon de Chavanges, avait eu autrefois une grande fortune, que des revers successifs lui avaient fait perdre, et cette famille vivait de la pension de retraite de M. de Chavanges et de quelques faibles débris de sa première fortune échappés au naufrage.

Placé à table entre la mère et la fille, le maréchal Augereau fut bientôt épris et décidé ; et tous ceux qui ont connu Mme la duchesse de Castiglione savent qu’il eût été impossible qu’il en arrivât autrement.

« Augereau, a dit Napoléon à Sainte-Hélène, n’avait pas d’instruction, pas d’étendue dans l’esprit. » Moi j’ajouterai, d’après ce que j’ai entendu répéter au baron des Touches, qu’il était bon, très facile dans sa vie intérieure et surtout d’une extrême simplicité. C’est le seul des maréchaux de France qui n’a jamais voulu prendre son titre et le nom de duc de Castiglione. « Je me f… bien de tout cela, disait-il, je m’appelle Pierre Augereau et je ne veux pas qu’on me débaptise. »

En sortant de table, le maréchal prit à part M. Péan de Saint-Gilles et lui dit : « Mon cher ami, demandez ce soir même la main de Mlle de Chavanges » La chose fut ainsi faite et agréée, et quelques jours après, Augereau conduisait à l’autel sa jeune et brillante épouse.