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rance des époux ; mais au bout de ses neuf mois de repos absolu, la pauvre mère mit au monde un enfant mort dans les mêmes conditions que le premier. Consultation nouvelle des plus habiles accoucheurs qui dirent que « puisque le repos n’a pas amené les résultats qu’on en attendait, ils pensaient que Mme d’Houdetot devait faire, pour sa troisième grossesse, le contraire de ce qu’elle avait fait pour la seconde, qu’elle prît beaucoup d’exercice, qu’elle fit de fréquentes promenades, des parties de mer à Trouville, etc… » On se remua, on s’agita dans tous les sens, et malgré cette vie active, on accoucha pour la troisième fois d’un enfant mort, mais toujours bien constitué.

Le désespoir était dans le cœur du mari et de la femme, et une vive douleur se laissait apercevoir chez M. des Touches, qui craignait que ces déplorables événements, si obstinément renouvelés, ne provinssent de quelques mauvaises dispositions, ou de quelque vice secret chez son gendre ou sa fille. Il n’y avait rien de tout cela. Enfin on appela M. le docteur Chaussier, vieillard savant, habile praticien, qu’on n’avait pu avoir jusqu’à présent, par des raisons qui échappent à ma mémoire.

J’entends encore ce médecin d’élite, dont la conversation sur les matières de son art était pleine de piquant et d’attrait, je l’entends encore dire à M. des Touches : « Monsieur le préfet, il y a des secrets de nature que la science ne pénètre jamais. Le triple fait si