Page:Marquiset,À travers ma vie,1904.djvu/138

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

remit peu à peu, remonta à cheval, et regagna les Tuileries ventre à terre.

Sa sœur, Mlle Stéphanie des Touches, était une femme superbe, d’une fraîcheur, d’une carnation qui laissaient les plus belles bien en arrière ; sa taille était magnifique, mais tout l’ensemble de cette splendide personne était très imposant, trop imposant peut-être. Si elle sortait, soit pour une course dans la ville, soit pour une promenade, elle marchait sans contrainte, sans embarras, ne se souciant pas des regards qu’elle attirait, comme enveloppée de sa dignité, de sa grâce austère.

En général, on est peu d’accord sur la beauté ; le plus grand nombre la fait consister dans certaines proportions, et dans une régularité convenue ; d’autres reconnaissent seulement la beauté à l’influence qu’elle exerce et à l’impression qu’ils en reçoivent. Je crois que ceux-ci sont dans le vrai. Entre la beauté qui se prouve, et la beauté qui plaît, qui charme, qui séduit, le choix ne saurait être ni bien long ni bien douteux.

Mlle des Touches avait aux yeux de tous la première de ces beautés ; elle était en outre d’une raison supérieure, exceptionnelle, et on pouvait à toute heure et sur toute chose venir la consulter comme une mère.

Il était certes bien dangereux pour trois jeunes gens dans toute la fougue de l’âge de se trouver deux fois par jour avec une jeune personne si pleine de qualités et d’attraits. Pourtant, de mon côté, bien que