Page:Marquiset,À travers ma vie,1904.djvu/131

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

— Madame, elle était en sauvage, délicieuse, avec des plumes sur la tête, des plumes sur les épaules, des plumes partout.

— En sauvage, reprit-elle vivement, en sauvage ? Personne n’a dû la reconnaître ? »

Une autre fois que je lui rendais visite, la conversation tomba sur un gentilhomme étranger, de belle tournure, aimable d’esprit et bien accueilli dans les salons, mais que la jalousie disait n’être pas assez désintéressé dans ses bonnes fortunes. Il n’avait jamais eu que des procédés fort courtois vis-à-vis de moi et je n’avais aucune raison de ne pas être honnête vis-à-vis de lui ; aussi, comme Mme de Jumilhac l’égratignait un peu, je me permis de l’interrompre :

« Pourtant, Madame, c’est un homme de commerce agréable…

— Certaines le disent.

— Bien élevé…

— Comme prix ! » lança-t-elle entre ses dents. Je jugeai prudent de ne pas insister.

Le fils aîné de Mme de Jumilhac a hérité du nom et des titres de son oncle le duc de Richelieu, mort sans laisser d’enfants. J’ai vu souvent, dans ma première adolescence, le père de ce jeune homme, le marquis de Jumilhac (Antoine-Pierre-Joseph). Il commandait alors un régiment de lanciers portugais, en garnison

    Louis XVIII : « Le roi, dit Chateaubriand dans ses Souvenirs d’outre-tombe, s’en était amouraché en perspective », mais sa faveur dura peu.