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frère Charles entra dans la magistrature, où ses débuts ne furent pas sans succès.

Dès l’année 1814, M. Curasson père ayant cru devoir entrer dans le parti royaliste extrême, son fils suivit plus tard le mouvement, et lorsque arriva la révolution de juillet, ces deux grands seigneurs, fils et petit-fils d’un humble garde champêtre de village, montrèrent une aversion invincible pour le gouvernement de Louis-Philippe. Charles Curasson donna sa démission de substitut du procureur du roi et fit bientôt un mariage superbe en épousant Mlle  Viney, de Saint-Loup, aussi remarquable par la grâce de ses manières que par la rondeur de sa dot qui se montait à huit cent mille francs, en plus des forges importantes de Semouse. Devenu possesseur de cette brillante fortune et de ces usines, M. Curasson se persuada qu’il pourrait les faire valoir lui-même, mais en commerce comme en industrie, l’intelligence et l’esprit ne suffisent pas ; parfois même ils sont de trop. Entré dans une administration dont les détails lui étaient inconnus, dans un vaste dédale dont il n’avait pas la clef, Curasson a fait, au dire de ses employés eux-mêmes, des manœuvres à contresens et son navire commercial, mal dirigé, a vogué au caprice des flots et a fini par faire un naufrage désastreux. Rien n’a pu être sauvé de cette magnifique fortune. Le malheureux industriel serait réduit à une affreuse misère si un de ses amis, M. Louis de Vaulchier, ne lui avait donné une place dans les bureaux de l’administration du