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Adieu, mon brave et excellent ami, je vous embrasse du meilleur de mon cœur, ainsi que toute votre aimable famille.

Votre bon ami,
Le lieutenant général,
Comte Marchand.


L’avocat Curasson, dont je viens de citer le nom, avait une réputation de gourmandise et de poltronnerie qui ne pouvait être comparée qu’à son talent de parole. Un jour qu’il était allé à la Chaudeau pour la liquidation Vautherin, il fit tellement honneur au déjeuner copieux qu’il eut, au milieu de la nuit, une indigestion des plus violentes. Surpris brutalement par le mal de cœur, il ne put parer à rien et se précipita à la fenêtre, sous laquelle se trouvait par malheur le char à bancs découvert de M. Accarier, le député de Gray ; voiture qui était sortie la veille toute neuve et toute fraîche des ateliers de Maturel, le plus célèbre alors de nos carrossiers franc-comtois. On était en juillet. Pour éviter la trop grande chaleur, M. Accarier partit le lendemain longtemps avant le jour, mais il s’assit plein de confiance dans l’inondation qui avait envahi son siège et fut obligé, à son arrivée, de brûler tous ses effets. Je ne dirai pas qu’il rit beaucoup de l’aventure.

M. Curasson n’alla à Paris pour la première fois qu’en mars 1816 ; il était fils du garde champêtre de Mont-sous-Vaudrey, petit bourg du Jura, et avait débuté dans le monde par être enfant de chœur à l’é-