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pour Baniaye il lui faut plus de bruit et plus d’agitation. Vivre en paix dans un beau séjour avec une personne qui ne vit que pour vous, y avoir une compagnie de gens qui vous conviennent, est une vie qui n’est propre qu’à un fainéant comme moi. M. le cardinal d’Estrées[1], lassé de gloire comme ces anciens Romains, pourrait plutôt s’en accommoder ; si cela était, on s’accommoderait bien de lui. Pour Mme de Brachane[2], elle voit tant de souverains et de vice-rois à ses pieds qu’on n’oserait espérer qu’elle voulût quitter toutes ces grandeurs ; cependant on la souhaiterait toujours.

Hélas ! je m’étourdis par des châteaux en

  1. César d’Estrées (1628-1714). Evêque de Laon et pair de France en 1653, cardinal en 1671, chargé d’importantes missions diplomatiques en Bavière et à Rome. Sur ses séjours à Rome, voir Saint-Simon, III, p. 3, note 3. Intime ami de la princesse de Bracciano, dont il avait fait le second mariage (ibid. XV p. 309).
  2. La future princesse des Ursins. Anne-Marie de la Trémoille (1642-1722), fille de M. de Noirmontier, sœur de la princesse de Belmonte, veuve de M. de Chalais, mariée en secondes noces (1675-1698) au riche duc de Bracciano. Elle ne prendra le nom de princesse des Ursins qu’en 1696, lorsque don Livio Odescalchi aura acheté le duché de Bracciano. Elle signait, comme Lassay écrit : duchesse de Brachane (Saint-Simon, V, p. 100 sq). — Voir des lettres d’elle à sa sœur (entre 1685 et 1693) dans Geffroy, Lettres inédites de la princesse des Ursins.