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pour votre maison, il n’y a qu’à faire un petit fossé derrière. Je souhaiterais encore une chose : ce serait de remplir de fleurs et d’orangers la petite allée qui est à droite en entrant et d’abattre les murs qui enferment votre parterre : vous verriez quelle gaieté cela lui donnerait. Tout ce que je vous propose, Madame, ne coûterait pas trois cents pistoles et, à mon gré, ne laisserait rien à souhaiter au plus aimable lieu d’Italie. Il m’a fait souvenir de ces vers de Chapelle :

Hélas ! que l’on serait heureux
Dans ce beau lieu digne d’envie,
Si, toujours aimé de Sylvie,
On pouvait, toujours amoureux,
Avec elle passer sa vie !

Si Chapelle avait connu la maîtresse de Baniaye, il aurait supprimé le quatrième vers, jugeant ce souhait fort inutile. J’ai peur que M. de Torcy[1] ne pense comme moi sur son chapitre ; mais songez, Madame, que le fils d’un ministre qui doit un jour gouverner un royaume n’est pas fait

  1. Jean-Baptiste Colbert, marquis de Torcy (1665-1746), le neveu de Colbert, le futur secrétaire d’état des affaires étrangères. Son père, Colbert de Croissy, lui faisait faire alors son apprentissage de diplomate. Il était arrivé à Rome à la fin de mai 1686 et y resta cinq mois (voir Revue de Paris, 1910, p. 331 sq. : Conseils à un futur ministre, — lettres à lui écrites par son père de 1684 à 1689, publiées par Louis Delavaud).