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Ne vous accablez point ; ce qu’on me dit de votre santé me fait mourir de peur. Vous avez été saisie dans un temps où il est si dangereux de l’être, et peut-être que dans ce moment vous êtes bien malade. Pour moi, je sens que je me meurs ; je voudrais bien mourir tout seul, et qu’il n’y eût que moi à souffrir.


XIII

Je ne veux point que vous hasardiez à vous perdre en continuant un commerce avec moi : il vaut mieux que je meure et que vous viviez moins malheureuse. Cessez donc d’écrire à un homme qui traîne tous les malheurs après lui, et dont l’étoile est empoisonnée. J’ai presque perdu l’usage de dormir, et j’ai à peine la force de me soutenir ; pourquoi suis-je né avec un cœur si sensible, puisque j’étais destiné à être toujours malheureux ? Il semble que je ne sois dans le monde que pour y souffrir ; la vie m’est à charge, et je voudrais, en mourant, pouvoir vous rendre votre repos et votre bonheur. Adieu, ma chère princesse ; je ne peux plus supporter l’excès de la douleur que je souffre.