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Je ne saurais supporter cette pensée ; la tête me tourne. Revenez promptement à Venise : le plaisir que j’aurais à vous y voir m’assure qu’il n’y a rien que vous ne fassiez pour y venir ; car je juge de vos sentiments par les miens. Mandez-moi ce que je peux espérer. Adieu, ma chère princesse ; je vous quitte pour passer la plus cruelle nuit qu’on puisse imaginer.


VIII

Ce que j’ai souffert dans le moment que je vous ai quittée ne se peut imaginer que par vous, qui me parûtes souffrir le même mal. On examinait tous nos regards : je n’osais demeurer, je n’osais vous parler ; j’avais cent choses à vous dire, et il fallut m’arracher à ce que j’aime plus que ma vie. Quelque plaisir que j’aie à être aimé de vous, je vous aime trop pour souhaiter que vous souffriez autant que j’ai souffert depuis que je vous ai quittée ; mais je souhaite que vous soyez sans cesse occupée vivement de moi et que rien ne vous divertisse dans un lieu où je ne suis pas. Tout y est contre moi, hors vous et l’amour :