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VII

Il faut que je vous quitte, puisque je vous causerais mille malheurs si je demeurais plus longtemps ici. Hélas ! que vais-je devenir ? Je sens l’amour le plus ardent qu’on ait jamais senti : voilà ce que j’emporte avec moi, et je vous quitte sans pouvoir vous parler et sans savoir quand je pourrai vous revoir. Je ne sais pas même si vous savez bien aimer, et je vous laisse avec un mari jaloux et avec une Cour qui, pour lui plaire, va mettre tout en usage afin d’effacer de votre cœur les impressions que j’ai pu y faire. Je crois qu’on ne vous persuadera pas tout le mal qu’on vous dira de moi ; mais on remplira votre esprit de nuages, et c’en est assez pour me rendre malheureux.

Je n’aurais pas beaucoup de peur si je demeurais ici mon amour vous rassurerait, et tous les discours qu’on pourrait vous faire n’auraient pas grand pouvoir ; mais je pars dans un jour. Avant que je vous quitte, écrivez-moi que vous m’aimerez toujours ; remplissez six feuilles de papier de ces paroles charmantes. Quoi ! je vais vous quitter ! je ne vous verrai plus, et vous m’oublierez peut-être !