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mais malheureusement je ne saurais m’en flatter. Je crains qu’il ne se soit aperçu que nous l’avons découvert et qu’il ne soit plus si familier ; car il en sera plus dangereux.

Quand on n’a pour tout bien qu’une chose dans le monde, on a bien peur de la perdre. J’ai toujours été tranquille sur ce qui regarde ma vie et ma fortune, et sur ce qui vous regarde je ne saurais me rassurer ; hélas ! c’est que vous m’êtes plus chère que ma vie et que ma fortune.

Je ne vous verrai donc point demain ; mais du moins que je commence à vous voir après-demain de bonne heure, et que je sois bien longtemps avec vous. J’irai demain au matin à la Vigne Pamphile ; parce que vous avez part à cette promenade, je la fais avec plaisir. Votre lettre m’en a bien donné davantage aujourd’hui ; j’espère que Mlle de Cunisbec m’en apportera une demain au soir. Je la verrai chez la princesse de Belmont[1] ; je parlerai bien longtemps de vous avec elle, et elle me dira comme il faudra que je fasse pour entrer après-demain ; nous enverrons auparavant découvrir, comme on fait à la guerre, pour voir s’il ne paraîtra rien. Bonsoir, ma chère princesse ; je vais me coucher sans espoir de dormir ; je songerai à vous et à tout le mal qu’on nous fait.

  1. Voir infrà, p. 80.