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et je m’enivrais du plaisir de vous voir ; mais il me semblait que vous n’étiez point assez occupée de moi. Quelle folie de m’abandonner, comme je fais, à tous les sentiments que vous m’inspirez, sans savoir seulement si vous savez bien aimer ! vous m’auriez fait moins de mal de m’empoisonner que de me donner tout l’amour que je sens, si vous êtes capable de me quitter un jour. Je ne vois plus rien ; je suis comme un homme éperdu : vous seule occupez et mon cœur et ma pensée ; mais puis-je compter sur vous pour toujours ? Ah ! que je serais malheureux si cela n’était pas ! Vous faites-vous une idée aussi charmante du plaisir d’aimer et d’être aimée que celle que je m’en fais ? Songez qu’il y a un homme dans le monde qui ne vit que pour vous et qui se trouverait heureux au bout du monde avec vous ! Je ne suis point surpris que Mlle de Cunisbec[1] ait pénétré mes sentiments : vous connaissant mieux que personne, elle a dû croire que vous étiez aimée éperdument. Adieu, ma belle princesse ; ma destinée ne dépend plus que de vous et de ce qui a rapport à vous ; et vous seule la pouvez rendre heureuse ou malheureuse.

  1. C’est ainsi que Lassay écrit le nom de Mlle de Knesebeck, demoiselle d’honneur de la princesse de Hanovre et sa confidente.