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qu’il lui montra, et qu’elle serait reçue au Louvre avec tous les honneurs dus à un si grand rang ; mais que, si elle refusait de faire ce que Sa Majesté souhaitait, qu’il y avait à la porte un de ses carrosses, trente gardes du corps et un enseigne qui avait ordre de la mener au couvent de la Ville-l’Evêque, ce que Madame demandait avec beaucoup d’empressement.

L’alternative était grande, et il y avait lieu d’être tentée. Marianne ne balança pas un moment, et elle répondit à M. Le Tellier qu’elle aimait beaucoup mieux demeurer Marianne que d’être duchesse de Lorraine aux conditions qu’on lui proposait, et que, si elle avait quelque pouvoir sur l’esprit de M. de Lorraine, elle ne s’en servirait jamais pour lui faire faire une chose si contraire à son honneur et à ses intérêts ; qu’elle se reprochait déjà assez le mariage que l’amitié qu’il avait pour elle lui faisait faire. M. Le Tellier, touché d’un procédé si noble, lui dit qu’on lui donnerait, si elle voulait, vingt-quatre heures pour y songer. Elle lui répondit que son parti était pris et qu’elle n’avait que faire d’y penser davantage, et puis elle rentra dans la chambre où était la compagnie pour prendre congé de M. de Lorraine, qui, ayant appris de quoi il était question, se mit dans des transports de colère effroyables. Après l’avoir calmé autant qu’elle put, elle donna