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la France qu’était le traité en question, qu’il fallait aller trouver Mademoiselle Marianne et lui dire que, si elle voulait obliger M. de Lorraine à exécuter ce traité, le roi non seulement n’empêcherait point son mariage, mais qu’il la reconnaîtrait duchesse de Lorraine, et que, si elle ne lui obéissait pas, il accorderait à Madame la grâce qu’elle lui demandait avec tant d’instance, qui était de la faire mettre dans un couvent. La proposition ayant été agréée par le roi, M. Le Tellier lui dit qu’il n’y avait pas un moment à perdre, parce que le mariage se devait faire la nuit même ; qu’il eût donc la bonté de lui donner un officier et trente de ses gardes, et qu’il irait sur-le-champ chercher Mademoiselle Marianne pour lui parler, ce qui fut exécuté. Il la trouva à table avec M. de Lorraine et sa famille qui était assemblée chez un de ses oncles, où se faisait le festin de noces en attendant minuit, pour s’aller marier.

Je crois que la surprise fut grande de voir arriver M. Le Tellier, qui demanda à parler en particulier à la mariée. Il remplit son ordre en homme qui avait fort envie de réussir ; il lui fit envisager tout ce qu’elle avait à craindre et à espérer, et il lui dit enfin qu’il ne tenait qu’à elle d’être reconnue le lendemain duchesse de Lorraine par le roi : qu’elle n’avait qu’à faire signer à M. de Lorraine un papier qu’il avait apporté avec lui et