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Mademoiselle[1], une fille que sa beauté, ses grâces et son esprit avaient mis dans le monde d’un air bien différent de celui qu’elle y devait avoir par sa naissance : elle s’appelait Marianne et n’était que femme de chambre de Mademoiselle. Ses qualités aimables et ses manières nobles, qui avaient plu à tout le monde, touchèrent le duc de Lorraine, qui en devint passionnément amoureux. Il s’aperçut bientôt que ce n’était pas une conquête aisée, et il l’estima assez pour la vouloir faire duchesse de Lorraine. Il lui dit donc qu’il voulait l’épouser[2].

  1. La Grande Mademoiselle (1627-1693), née d’un premier mariage de Gaston avec Mlle de Montpensier. Voir Arvède Barine : « La jeunesse de la Grande Mademoiselle » (1627-1652) et « Louis XIV et la Grande Mademoiselle » (1602-1693), Paris 1901 et 1905.
  2. Marianne ignorait sans doute que, déjà marié à sa cousine Nicole de Lorraine, et du vivant de celle-ci, le duc avait épousé (1637) Béatrix de Cosenza (Saint-Simon écrit Cusance), veuve du comte de Cantecroix, — et que Rome s’était refusée à casser le premier mariage. La duchesse Nicole était morte en 1657 ; mais Mlle de Cantecroix vivait encore lorsqu’en 1662 Charles IV voulut épouser Marianne ; elle ne mourut que l’année suivante, soutenant jusqu’à la fin la validité du mariage. — Enfin, en 1665, le duc épousa Louise-Marguerite d’Aspromont de Nanteuil. Un des continuateurs de Loret écrit qu’il ne reste plus aux autres beautés successivement courtisées par le duc Charles (il pense sans doute à Marianne)

    Que des contrats de mariage
    Et pour tout fruit et pour tout gage
    Des amitiés du susdit duc.

    (cité par De Boislisle, éd. de Saint-Simon, IV, p. 332-336)