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Qui procedast d'une grâce si grande.

Croy que ce cueur de te congnoistre amande,

Et vouluntiers se rendroit de ta bande,

S'il te plaisoit luy faire cest honneur

Tant seullement.

Si tu le veulx, metz le soubz ta commande:

Si tu le prends, las je te recommande

Le triste Corps, ne le laisse sans Cueur,

Mais loges y le tien, qui est vainqueur

De l'humble Serf, qui son vouloir te mande

Tant sellement.


LV

A une Dame pour la louer

Rondeau, où toute aigreur abonde,

Va veoir la doulceur de ce Monde:

Telle doulceur t'adoulcira,

Et ton aigreur ne l'aigrira.

Trop plus qu'en aultre en moy s'est arresté

Fascheux ennuy: car Yver, et Esté

N'ay veu que fraulde, hayne, vice, et oppresse

Avec chagrin: et durant ceste presse,

Plus mort, que vif au Monde j'ay esté.

Mais le mien cueur (lors de vie absenté)

Commence à vivre, et revient à santé,

Et tout plaisir vers moy prend son adresse,

Trop plus qu'en aultre.

Car maintenant j'aperçoy loyauté,

Je voy à l'oeil Amour, et feaulté,

Je voy vertu, je voy pleine lyesse.

Tout cela voy: voire mais en qui est ce?