(Tant soit il doulx) il est environné
De plus de maulx que la Rose d’Espines
Et (qui pis est) si ses frauldes Vulpines
On sçait fuyr, ou si ung chaste cueur
D’adventure est de sa flamme vainqueur,
Elle (soubdain) devient toute enragée :
Et tout ainsi, que s’on l’eust oultragée,
En prend vengeance. Helas piteuse preuve
Toute recente à ce propos se treuve
D’Anne, qui fut jadis Orleanique.
Le cas est tel. La Deesse impudique
De son brandon (qui maintes femmes dampne)
Jamais ne sceut eschauffer le Cueur d’Anne,
Dont par despit sur le corps se vengea,
Et pour ce faire à Vulcan se rengea :
Car le pouvoir de Venus est petit
Pour se venger selon son appetit.
A Vulcan donc son dueil elle declaire
Qui tout subit (pour à Venus complaire)
De son chault feu, (bien aultre qu’amoureux)
Vint allumer par ung soir malheureux
D’Anne le Lict chaste, et immaculé :
Et en dormant son beau corps a bruslé,
Duquel adonc l’âme noble s’osta
Et toute gaye au Ciel luysant saulta
Sans se sentir du feu de Vulcanus,
Encores moins de celluy de Venus.
Or vit son Ame, et le Corps est pery
Par feu ardant. Mais qui de son Mary
Eust eu alors les larmes, qu’espandues
Il a depuis, pas ne feussent perdues,
Comme elles sont : car de ses yeux sortir
En feit assez pour ce feu amortir.
Page:Marot - Les Œuvres, t. 5, éd. Guiffrey, 1931.djvu/64
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