(Comme dit Meung) cil, qui le tient en Cage,
Pourquoy icy doncques ne me plaindray je
De ce cruel, qui chascun jour r’engrege
Mes longs ennuyz ? Le dueil, qui est celé,
Griefve trop plus, que s’il est revelé.
Par quoy le mien donc revelé sera,
Ma bouche au Cueur ce grand plaisir fera.
Et à qui (las) ? Sera ce à mon Mary,
Que descharger iray mon cueur marry ?
Non certes, non : rien je n’y gaigneroye,
Fors qu’en mes pleurs plaisir luy donneroye.
Et à qui donc ? Doy je par amours faire
Ung Serviteur, duquel en mon affaire
J’auray conseil, et qui par amytié
De mes douleurs portera la moytié ?
L’occasion le conseille, et le dit :
Mais avec Dieu honneur y contredit.
Pourtant plaideurs aux amoureuses questes
Allez ailleurs presenter voz requestes :
Je ne feray ne Serviteur, n’Amy,
Mais tiendray foy à mon grand Ennemy.
Doncques à qui feray ma plaincte amere ?
A vous ma chere, et honnorée Mere.
C’est à vous seule, à qui j’offre, et presente
Par vray devoir la complaincte presente.
Et devers vous s’envollent mes pensées
De grand ennuy (à grand tort) offensées,
Pour y chercher allegeance certaine,
Comme le Cerf, qui court à la Fontaine
Page:Marot - Les Œuvres, t. 5, éd. Guiffrey, 1931.djvu/62
Cette page n’a pas encore été corrigée