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En le baisant, Mary, ne Amy l’appelle :
Et neantmoins, suivant Dieu, et sa loy,
De mont franc vueil tous ces pointz a de moy.
Mais cest ingrat tout mal pour bien me baille.
Il a de moy le bon Grain pour la Paille :
Humble doulceur pour fiere cruaulté,
Loyalle foy pour grand desloyaulté,
Et pour chagrin toute amoureuse approche,
Sans amollir son cueur plus dur que Roche.
Le fier Lyon dessus le Chien ne mect
Patte, ne dent, quand à luy se soubzmect
Les forts Rommains quand ilz s’humilierent
Soubz Athilla, son cueur felon plierent.
Le noir Pluton à fleschir mal aisé
Fut (par doulceur) d’Orpheus appaisé.
Tout s’amollist par doulceur tresbenigne :
Et toutesfois la doulceur feminine,
(Qui les doulceurs de ce Monde surpasse)
Devant les yeux de mon dur Mary passe
Sans l’esmouvoir : et tant plus me submetz,
Tant plus me sert d’estranges, et durs metz.
Par ainsi passe en cruaultez iniques
Lyons, tyrans, et Monstres Plutoniques.
Certes quand bien je pense à mon malheur,
Il me souvient du Champestre Oiselleur,
Lequel apres que l’Oisellet des champs
Il a sceu prendre avec fainctz, et doulx chantz,
Le tue, et plume : ou si vif le retient,
Le mect en Cage, et en langueur le tient :
Ainsi (pour vray) fuz prinse, et arrestée,
Et tout ainsi (helas) je suis traictée :
Or si l’Oiseau mauldit en son langage