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Pres de mon Cueur : là elle trouvera
Du feu assez, et si esprouvera,
Combien ardente est l’amoureuse flamme,
Que mon las cueur pour voz vertus enflamme.
Aumoins en lieu des tourmens, et ennuys,
Que vostre amour me donne jours, et nuyctz,
Je vous supply de prendre (pour tous mectz)
Ung crystallin Myroir, que vous transmectz.
En le prenant, grand joye m’adviendra,
Car (comme croy) de moy vous souviendra,
Quand là dedans mirerez ceste face,
Qui de beaulté toutes aultres efface.
Il est bien vray, et tiens pour seureté,
Qu’il n’est Myroir, ne sera, n’a esté,
Qui sceust au vif monstrer parfaictement
Vostre beaulté : mais croyez seurement,
Si voz yeux clers plus que ce Crytallin
Veissent mon cueur feal, et non maling,
Ilz trouveroient là dedans imprimée
Au naturel vostre face estimée.
Semblablement avec vostre beaulté
Vous y verriez la mienne loyaulté,
Et la voyant, vostre gentil courage
Pourroit m’aymer quelcque poinct d’advantage :
Pleust or à Dieu doncques que puissiez veoir
Dedans ce Cueur, pour ung tel heur avoir :
C’est le seul bien, où je tends, et aspire.
Et pour la fin, rien je ne vous desire,
Fors que cela que vous vous desirez :
Car mieulx que moy voz desirs choysirez.