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A mon vouloir, et que ne t’obligeasses,
Lors qu’à mes dons ta main prompte estendoys ?
Tu sçavois bien la fin où je tendoys :
Mais ton faulx cueur trouva l’invention
De varier à mon intention :
Car mariage en propos vins dresser,
Pour qui à moy ne te fault adresser.
Ce n’est pas toy que chercher je vouldroye,
En cest endroit de beaucoup me tordroye :
Et en la sorte encor que je t’ay quise,
Je m’en repens congnoissant ta fainctise.
Mon cueur loyal, que je t’avoys donné,
Par devers moy tout triste est retourné.
Et m’a bien sceu reprocher, que j’ay tort
De l’avoir mis en ung logis tant ord.
Si qu’à present ne prend aultre allegeance
Qu’au passe temps de sa juste vengeance,
Que je feray tant que jeune seras :
Mais quand verray que tu te passeras,
Je cesseray ceste vengeance extrême,
Car lors de moy me vengeras toy mesme
Par le regret ; que ton cueur esperdu
Aura, d’avoir ung tel Amy perdu.

XV

Ton gentil cueur si haultement assis,
Ton sens discret à merveille rassis,