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Cantique à la Deesse Santé, pour le Roy malade

Doulce Santé de langueur ennemye,
De Jeux, de Rys, de tous Plaisirs amye,
Gentil resveil de la force endormie,
Doulce Santé,
Soit à ton los mon Cantique chanté,
Car par toy est l’Aise doulx enfanté :
Par toy la Vie en Corps aggravanté
Est restaurée.
Tu es des Vieulx, et Jeunes adorée,
Richesse n’est, tant que toy, desirée :
De rien, fors toy, la Personne empirée
Ne se souvient.
Et aussi tost que ta presence vient,
Palleur s’enfuit, couleur vive revient :
Mesmes la Mort fuir du lieu convient,
Où tu arrives.
Les vieilles gens tu rends fortes, et vives :
Les jeunes gens tu fais recreatives,
A Chasse, à Vol, à Tournoys ententives,
Et Esbatz mainctz.
O doulx Repos, nourrice des Humains,
Bien doibt chascun te invocquer joinctes Mains,
Veu que sans toy les ennuys inhumains
Nous precipitent.
Veu que sans toy en la Terre n’habitent
Les Dieux rians, qui à plaisir invitent :
Ains tous faschez s’en vont, et se despitent,
Si tu n’y viens.
Vien donc icy, ô source de tous biens,
Vien veoir Françoys le bien aymé des siens,
Vien, fusses tu aux Champs Elisiens,
Ou sur les Nuës.