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Trompes, Clerons y menent doulces noises :
Mesmes là bas les Nymphes Escossoises
Avec grand joye attendent ton venir,
Et vont disant, qu’elles seront Françoyses
Pour le grand bien, qui leur doibt advenir.
Va doncques. Non, ne vueilles nous priver
Encor si tost de ta noble presence :
Attens ung peu, laisse passer l’Yver,
Car assez tost sentirons ton absence.
Vent contre Vent se bat par insolence,
Printemps viendra, qui les fera ranger :
Lors passera la Mer sans violence,
Et ne craindrons, que tu soy en danger.
Et si voirras des Dieux de mainte forme :
Comme Egeon monté sur la Balaine.
Doris y est, Protheus s’i transforme,
Triton sa Trompe y sonne à forte alaine.
Au fons de l’eau sont ores sur l’Araine :
Mais si attens le Printemps, ou l’Esté,
Tous sortiront hors de la Mer seraine
Pour saluer ta Haulte Majesté.
Sur le beau Temps ainsi tu partiras,
Et en ton lieu regretz demoureront :
A Dieu dirons, à Dieu tu nous diras,
Dont te doulx yeux sur l’heure pleureront :
Mais en chemin ce Larmes secheront
Au noveau feu d’Amour bien establie :
Nos cueurs pourtant point ne s’en fascheront,
Pourveu que point le tien ne nous oublie.
Si prions Dieu, noble Royne d’Escosse,
Qu’au Temps nouveau vienne ung nouveau danger :
C’est qu’il te faille icy demourer grosse,
Pour si à coup de nous ne t’estranger.
A ce propos bien te doibs alleger,
Car pour Parens ; qu’icy tu abandonnes,
Enfans auras, Enfans pour abreger,
Qui porteront et Sceptre, et Couronnes.