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Chant royal dont le Roy bailla le refrain.

Prenant repos dessoubz ung vert Laurier,
Apres travail de noble Poësie,
Ung nouveau songe assez plaisant l’autrehier,
Se presenta devant ma fantasie
De quatre Amans fors melencolieux,
Qui devers moy vindrent par divers lieux :
Car le premier sortir d’ung Boys j’advise :
L’autre d’ung Roc : celluy d’apres ne vise
Par où il va : L’aultre saulte une Claye :
Et si portoient (tous quatre) en leur Devise,
Desbender l’Arc ne guerist point la Playe.
Le Premier vint tout pasle me prier
De luy donner confort par courtoysie.
Poursuivant, suis (dit il) dont le crier
N’est point ouy d’une, que j’ay choysie.
Elle a tiré de l’Arc de ses doulx yeux
Le perçant Traict, qui me rend soucieux,
Me respondant (quand de moy est requise)
Que n’en peult mais, et sa beaulté exquise
De moy s’absente, affin qu’en oubly l’aye :
Mais pour absence en oubly n’est pas mise :
Desbender l’Arc ne guerist point la Playe.
L’autre disoit au rebours du Premier,
J’ay biens assez, et ne me ressasie :
Car Servant suis de jouir coustumier
De la plus belle et d’Europe, et d’Asie.
Ce neantmoins Amour trop furieux
D’elle me faict estre plus curieux,
Qu’avant avoir la jouyssance prise,
Ainsi je suis du feu la flamme esprise,