Que mauldit soit ton Dard malicieux :
En ung seul coup s’est monsré trop habille
D’en tuer ung, et en navrer cent mille.
Tu as froissé la main tant imitable,
Qui au proffit de moy lasse escripvoit :
Tu a cousu la Bouche veritable :
Tu as percé le Cueur tant charitable,
Et assommé le Chef, qui tant sçavoit.
Mais maulgré toy çà bas de luy se voit
Ung cler renom, qui ce tour te fera
Que par sus toy sans fin triumphera.
Tu as deffaict (ô lourde, et mal adextre)
Ta non nuysance, et nostre allegement :
Endormy as de ta pesante Dextre
Cil, qui ne peult resveillé au Monde estre
Jusques au Jour du final Jugement.
Las et tandis nous souffrons largement,
N’aians recours qu’au Ciel, et à noz larmes,
Pour nous venger de tes soubdains alarmes.
De voz deux yeux vous, sa chere Espousée,
Faictes Fontaine, où puiser on puisse eau :
Filles de luy, vostre face arrosée
De larmes soit, non comme de rosée,
Mais chascun œil soit ung petit Ruisseau :
Chascun des miens en jecte plus d’ung Seau :
De tout cela faisons une Riviere,
Pour y noyer la Mort, qui est si fiere.
Ha la meschante : escoutez sa malice.
Premier occist en Martial destroict
Quatre meilleurs Chevaliers de ma lice,
Lescut, Bayard, La Tremoille, et Palice :
Page:Marot - Les Œuvres, t. 4, éd. Guiffrey, 1929.djvu/403
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