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Se transmuant en pire maladie :
Vous advisant (puis qu’il fault que le die)
Que me debvez d’Amour grand recompense :
Car il n’est jour qu’en vous aultres ne pense :
Et ne se passe une nuyct, qu’ung beau songe
De vous ne fasse. Encores (sans mensonge)
L’aultre nuictée en dormant fuz ravy,
Et me sembla que toutes je vous vy
Dessus ung Pré faire cent beaulx esbas
En Cotte simple, et les Robes à bas.
Les unes vey, qui dansoient soubz les sons
Du Tabourin : les aultres aux chansons :
L’aultre en apres qui estoit la plus forte,
Prend sa Compaigne, et par terre la porte,
Puis de sa main de l’herbe verte fauche,
Pour l’en fesser, dessus la cuisse gauche :
L’aultre qui veit sa Compaigne oultrager,
Laissa la Danse, et la vint revenger.
De l’aultre part, celles qui se lasserent,
En leur seant sur le Pré s’amasserent,
Et dirent là une grand Letanie
De plaisans motz. Et jeu sans vilainie.
Que diray plus ? L’aultre ung Banquet de Cresme
Faisoit porter pour la chaleur extrême,
Au moins pour ceulx, qui debvoient banqueter.
Lors me sembla que ne sceu m’arrester,
Que devers vous ne courusse en cest estre :
Mais sur ce poinct voicy une fenestre
De mon Logis, qui tombant feit tel bruit,
Que m’esveillant mon plaisir a destruict.
Ha (dy je lors) fenestre malheureuse,
Trop m’a esté ta cheute rigoreuse.
J’alloys baiser leur bouche doulce, et tendre,
L’une apres l’aultre : et tu n’as sceu attendre.
Si m’esveillay tout fasché, et m’en vins