A leurs aymez, soit de mal, ou de bien,
J’ay bien voulu vous escrire (ma Dame)
Chose, qui n’est en congnoissance d’âme,
Fors que de moy. Et de vous n’est point sceue :
Parquoy pourriez en fin estre deceue :
Et je ne veulx vous laisser decepvoir,
Tant que mon œil pourra l’apercevoir.
Or est ainsi, que me trouvay au lieu,
Ou j’esperoys vous pouvoir dire Adieu,
Triste devins, saichant vostre haultesse
Desjà partie. Et adoncques l’Hostesse
Me va monstrer Lettres de vostre main,
Là où teniez propos doulx, et humain
A ung Vieillard, à qui vous les transmistes.
Lors à mon cueur soubdainement vous mistes
Deux pensemens, voyant vostre jeune aage
Favoriser ung si vieil personnage.
Mon pensement premier au cueur me dit,
Que par Amour il n’a vers vous credit,
Car je sçay bien, que Venus jeune, et coincte,
Du vieil Saturne en nul temps ne s’accoincte.
Mon pensement second me fit comprendre,
Que pour Espoux le pourriez vouloir prendre :
Et ne veulx pas de ce vous divertir,
Mais je veulx bien au vray vous advertir,
Que (long temps a) il fut mis soubz le jou
De Mariage, au bas pays d’Anjou,
Et est encor. Si voulez (toutesfois)
Il s’y mettra pour la seconde foys :
Combien pourtant, que bien foible me semble
Pour labourer à deux terres ensemble.
Page:Marot - Les Œuvres, t. 3, éd. Guiffrey, 1881.djvu/278
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