Page:Marot - Les Œuvres, t. 3, éd. Guiffrey, 1881.djvu/190

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Aultant n’estoit que trotter en Campaigne.
Aultant m’estoit Torrents, et grandes Eaux
Passer sur luy, comme petis Ruisseaux.
Car il sembloit, que les Pierres se ostassent
De tous les lieux, où ses piedz se boutassent.
Que diray plus ? Onc voiage ne feit
Avecques moy, dont il ne vint proffit :
Mais maintenant toutes choses me grevent.
Branches au Boys les yeux quasi me crevent :
Car le Cheval que je pourmaine, et maine,
Est malheureux, et bunche en pleine Plaine :
Petis Ruisseaux, grands Rivieres luy semblent :
Pierres, Cailloux en son chemin s’assemblent,
Et ne me donne en voiages bon heur.
O Dame illustre, O parangon d’honneur,
Dont proceda le grand bon heur secret
Du Cheval mort, où j’ay tant de regret ?
Il ne vint point de Cheval ; ne de Selle :
J’ay ceste foy, qu’il proceda de celle,
Par qui je l’eu. Or en suis desmonté,
La Mort l’a pris, la Mort l’a surmonté :
Mais c’est tout ung, vostre bonté naifve
Morte n’est pas : ainçoys est si tresvive,
Qu’elle pourroit, non le resusciter,