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Puis descriras le bruit resplendissant
De quelcque Roy, ou Prince, dont le nom
Rendra ton Œuvre immortel de renom :
Qui te fera (peult estre) si bon heur,
Que le proffit sera joinct à l’honneur.
Donc pour ce faire, il fauldroit que tu prinses
Le droict chemin du service des Princes.
Mesme du Roy, qui cherit, et practique
Par son hault sens ce noble Art Poëtique.
Va donc à luy, car ma fin est presente,
Et de ton faict quelcque Œuvre luy presente,
Le suppliant, que par sa grand doulceur,
De mon estat te fasse successeur.
Que pleures tu, puis que l’aage me presse ?
Cesse ton pleur, et va, où je t’adresse.
Ainsi disoit le bon Vieillard mourant :
Et aussi tost que vers vous fuz courant,
Plus fut en vous Liberalité grande,
Qu’en moy desir d’impetrer ma demande.
Je l’impetray, mais des fruictz je ne herite.
Vray est aussi, que pas ne les merite,
Mais bien est vray, que j’ay d’iceulx besoing
Or si le cueur, que j’ay de prendre soing
A vous servir, si ceste Charte escripte,
Ou du Deffunct quelcque faveur petite
Ne vous esmeut (ô Sire) à me pourveoir,
A tout les moins vous y vueille esmouvoir
Royal promesse, en qui toute asseurance
Doibt consister. Là gist mon esperance,