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plus beaux jours de ma vie et les rians loisirs de la prospérité, mais un peu plus philosophiques et d’un ton qui convenoit mieux aux bienséances de mon âge et aux circonstances du temps[1].

Lorsque ces songes me manquèrent, je fis usage de ma raison, et j’essayois de mieux employer le temps de ma retraite et de ma solitude en composant, pour l’instruction de mes enfans, un Cours élémentaire en petits traités de grammaire, de logique, de métaphysique et de morale, où je recueillis avec soin ce que j’avois appris dans mes lectures en divers genres, pour leur en transmettre les fruits.

Quelquefois, pour les égayer ou pour les instruire d’exemples, j’employois nos soirées d’hiver à leur raconter, au coin du feu, de petites aventures de ma jeunesse, et ma femme, s’apercevant que ces récits les intéressoient, me pressa d’écrire pour eux les événemens de ma vie.

Ce fut ainsi que je fus engagé à écrire ces volumes de mes Mémoires. J’avouerai bien, comme

  1. Publiés après la mort de l’auteur sous le titre de Nouveaux Contes moraux : Paris, J.-B. Garnery et Maradan ; Strasbourg, les frères Levrault, an IX (1801), 4 vol.  in-8 et in-12 ; portrait gravé par Tassaert, d’après Boilly, et quatre figures de Monnet, gravées par L’Épine. Une partie de ces contes avait paru dans le Mercure, de 1789 à 1792. Le premier est intitulé la Veillée ; c’est celui auquel l’auteur a fait deux fois allusion (voyez tome II, p. 160 et 206).