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et engorgée ; il s’agit de la dégager ; et le moyen en est facile et sûr. Dînez sagement aujourd’hui, points de ragoûts, point de vin pur, ni café, ni liqueurs ; et, au lieu de souper ce soir, buvez autant d’eau claire et fraîche que votre estomac en pourra soutenir sans fatigue ; demain matin buvez-en de même ; observez quelques jours ce régime, et je vous prédis que demain l’accès sera foible, qu’après-demain il sera presque insensible, et que le jour suivant ce ne sera plus rien. — Ah ! Monsieur Genson, vous serez un dieu pour moi, lui dis-je, si votre prédiction s’accomplit. » Elle s’accomplit en effet. Genson vint me revoir ; et comme, en l’embrassant, je lui annonçois ma guérison : « Ce n’est pas tout de vous avoir guéri, me dit-il ; à présent il faut vous préserver. Cette partie sera foible encore quelques années ; et, jusqu’à ce que la membrane ait repris son ressort, ce seroit là que la lymphe épaissie déposeroit encore. Il faut prévenir ces dépôts. Vous m’avez dit que le premier symptôme de votre mal est une tension dans les veines et dans les fibres à la tempe et sous le sourcil. Dès que vous sentirez cet embarras, buvez de l’eau et reprenez au moins pour quelques jours votre régime. Le remède de votre mal en sera le préservatif. Au reste, cette précaution ne sera nécessaire que pour quelques années. L’organe une fois raffermi, je ne vous