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nombre de raisons mal déduites ou obscurément présentées. Ils me donnèrent carte blanche pour toutes ces corrections, et, après avoir pris rendez-vous pour le lendemain à la même heure, j’allai me mettre à l’ouvrage. En même temps, l’abbé de Bernis écrivit à M. de Marigny pour le prier de me céder à lui tout le reste de la semaine, ayant besoin de moi pour un travail pressant dont je voulois bien me charger.

J’employai presque la nuit entière et le jour suivant à retoucher et à faire transcrire cet ample manifeste, et, à l’heure du rendez-vous, je le leur rapportai, sinon élégamment, au moins plus décemment écrit. Ils louèrent avec excès mon travail et ma diligence. « Mais ce n’est pas tout, me dit l’abbé, il faut que dimanche matin ce mémoire imprimé soit ici dans nos mains à l’heure du lever du roi, et c’est par là, mọn cher Marmontel, qu’il faut que vous couronniez l’œuvre. — Monsieur le comte, lui répondis-je, dans demi-heure je vais être prêt à partir. Ordonnez qu’une chaise de poste vienne me prendre, et, de votre main, écrivez deux mots au lieutenant de police, afin que la censure ne retarde pas l’impression ; je vous promets d’être ici dimanche à votre réveil. » Je lui tins parole ; mais j’arrivai excédé de fatigues et de veilles. Quelques jours après il me demanda la note des frais de mon voyage et ceux de l’im-